Visite du Belèm

Bien que son nom évoque l‘Amérique du Sud et le Brésil, le Belém est un trois-mâts à phare carré et coque en acier bien français. Il a été commandé par l’armateur Denis Crouan et fabriqué par les chantiers Dubigeon à Chantenay sur Loire en 1896. Prévu initialement pour le commerce avec le Brésil, il en porte sa devise “Ordem e Progresso”.

Le Belém, une jeunesse au soleil

Le Belém parcourt l’Atlantique Sud et se dédie au début de sa carrière aux fèves de Cacao pour le chocolatier Menier. Il transportera jusqu’à 675 tonnes de marchandises. Il se diversifiera par la suite en convoyant du Rhum, et de la canne à sucre.

Le navire porte chance et pour cause : en 1902, par un heureux hasard de circonstance il échappe de justesse à l’irruption de la montagne Pelée qui ravagea Saint-Pierre de la Martinique.

Le Belém, sujet de sa Royale Majestée

Il devient ensuite la propriété du comte de Westminster qui le motorisera et le transformera en Yacht de Luxe. On peut encore aujourd’hui admirer le grand escalier et les décors en Acajou de Cuba dans les 2 pièces de réception construites à cette époque.

en 1921, c’est le fameux brasseur Sir Arthur Ernest Guinness qui rachète le Belém et le rebaptise Fantome II. Pendant presque un an, Sir Arthur fait le tour du monde en famille et l’on aperçoit son “Happy Yacht” un peu partout, au Panama, Suez, Malaisie…

IL terminera sa deuxième vie britannique sur l’ile de Wight où il sera totalement désarmé et immobilisé pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale.

Le Belem, une vie à Venise

En 1951, l’industriel Vittorio Cino le rachète à la Famille Guiness et attribue la gestion du 3 mâts à la fondation Giorgio Cini. Cette fondation porte le nom de son fils qui mourut dans un accident d’avion quelques années plus tôt.

La vocation de cette institution est la restauration de l’ile San Giorgio Maggiore située au milieu de la Lagune de Venise et complètement dénaturée par près de 150 d’occupation militaire.
Pour lui redonner vie, il crée un centre d’enseignement destiné à former des marins de commerce. Mécaniciens, opérateurs radio, navigateurs sortiront par centaines de ce nouveau centre de formation.

Notre 3 mâts devient alors bateau-école. Les compartiments de l’entrepont destinés aux réceptions sont transformés en salles collectives : réfectoires, dortoirs, et salle d’études.

Chaque été, il embarque près de 250 élèves en 3 sessions de navigation d’un mois. Quoi de plus incroyable pour un jeune marin que de parcourir quelques 5000 miles à bord de ce voilier de légende ?

Un nouveau propriétaire

Cependant en 1967, les techniques de navigation de commerce ont tellement évolué que le Belém, rebaptisé Giorgio Cino ne peut plus répondre aux missions pédagogiques. Le centre de formation n’a pas d’autre choix que de s’en séparer.

Il patiente sur le quai pendant 5 longues années avant de susciter de nouveau l’intérêt d’un acheteur. Ce n’est pas à proprement dit un “acheteur”, mais une autre institution qui s’intéresse au navire. Les carabiniers italiens souhaitent acquérir un navire de prestige pour leur centre de formation. Le navire quitte les côtes de l’ile San Giorgio Maggiore pour les Cantieri Navali ed Officine Mecchaniche di Venezia (CNOMV).

C’est sous la direction des architectes de ce chantier que l’ex-Belém retrouvera l’essentiel de son lustre d’antan. Cependant les travaux dépassent de loin le budget initial. Les carabiniers ne peuvent assumer ce budget et cèdent en 1976 le navire aux chantiers.

Le Belem, le retour à Nantes

Il s’en suit une lutte rocambolesque pour l’acquisition du navire. Luc-OLivier Gosse, passionné de vieux gréements remue ciel et terre pour réunir les fonds pour le ramener à Nantes. Les Caisses d’Épargne nantaises sont aussi bien placées pour ramener le bateau en France. Tout le petit peuple de Venise se désespère impuissants de voir leur trois mats quitter la lagune.

C’est finalement les Caisses d’Épargne Nantaises qui remporteront la mise et qui lui redonneront son nom de baptême, le Belém. L’entreprise montera une fondation pour son exploitation en tant que navire historique.

Le Belem, un bateau sous les feux de la rampe

Jean Randier prend la tête de la fondation et a donc en charge la fin des travaux de restauration.

Le Belém sera transféré en 1980 au pied de la tour Eiffel afin d’attirer l’attention du grand public sur la nécessité de défendre le patrimoine maritime national.

En 1984 Daniel Jéhanno devient le Bosco du navire (Maitre d’Équipage)
Puis, en 1986, le Belém fait une apparition remarquée et remarquable lors du centenaire de la Statut de la Libertée à New York.
C’est enfin en 1987 qu’il devient définitivement navire-école. On le retrouvera en 2002 à Saint Pierre de la Martinique pour commémorer le centenaire de l’éruption qui ravagea la ville en 1902.

On le retrouva ensuite à Québec pour le 400e anniversaire de la ville, à Londres sur la Tamise pour le Jubilé de la reine, et pour les jeux Olympiques. On le retrouvera récemment aux Débords de Loire à Nantes pour fêter ses 120 ans.

Caractéristiques techniques

Longueur 58,8 m (51 m sans beaupré)
Longueur de coque 51 m
Longueur flottaison 48 m
Maître-bau 8,80 m
Tirant d’eau 3,50 m
Déplacement 750 t
Tonnage 534 tonneaux (environ 1500 m3)
Lest 4500 gueuzes de fonte de 50kg
Hauteur de mât 34 m (au dessus de la mer)
Voilure 1 000−1 200 m2 (22 voiles)
Propulsion Voiles et moteurs diesels
Vitesse 12 nœuds (moteur) 12 nœuds (voile)