T’as pas fait les Glénans?

Je dois le confesser, je n’ai pas fait les Glénans. Par manque de temps sans doute, par peur des marées et des courants bretons peut-être, mais sûrement aussi parce que l’école des Glénans c’est d’abord un monument de la grande histoire et de l’histoire de l’enseignement de la voile qui vous tombe dessus.

Situé au large de Concarneau, l’archipel sauvage des Glénans abrite une des plus célèbres écoles de voile d’Europe. Les plus grands y sont passés !  Avoir un diplôme des Glénans est tout aussi valorisant sur un CV qu’un MBA en finance obtenu à Oxford.

Quand la grande histoire rencontre les Glénans.

Philippe et Hélène Viannay, tous deux héros de la résistance, sont les fondateurs du journal clandestin Défense de la France qui deviendra France Soir à la Libération. En 1945, ils effectuent une croisière pour profiter de nouveau de cet espace de liberté qu’est la mer. En effet, pendant près de 6 ans, l’océan était une zone réservée aux activités militaires et interdite aux civils.

C’est à cette occasion qu’ils découvrent l’archipel des Glénans. Ils sont tous deux saisis par la beauté du site. Ils décident de partager leur amour de la voile en créant une école destinée en priorité à ceux qui ont souffert de l’occupation Nazi et de la guerre.

Une approche révolutionnaire

Philippe Viannay se met à la recherche de ses premières embarcations et rencontre l’architecte marin Jean-Jacques Herbulot. Ce dernier est le géniteur du voilier Argonaute. Sans ménagement, Philippe Viannay lui annonce la couleur : le prix d’un dériveur ne doit pas couter plus que celui de 2 bicyclettes. Ils créeront donc ensemble le Cotre des Glénans et le Vaurien en 1951.

En plus de dispenser un enseignement de grande qualité, un effort particulier est mis dès le début sur la pédagogie. Tellement avant-gardiste, le premier manuel des Glénans fait un taulé dans le milieu. En effet, il s’oppose frontalement à la pédagogie en vigueur issue des traditions héritées du XIXe siècle. Cet ouvrage est encore aujourd’hui une référence : je n’ai jamais rencontré de marins qui n’en possèdent pas un exemplaire.

Les Glénans c’est aussi et surtout une histoire de camaraderie. Grâce à son insularité, l’école a su recréer durant ses stages l’esprit d’équipage, l’esprit des maquis de la Résistance. Celui-ci repose sur la simplicité, la convivialité et la solidarité. Ce que se doit un groupe qui part affronter les mers et les océans.

sur cette image, on aperçoit Philippe Viannay à la fin de la guerre à gauche et Isabelle Autissier sur un Vaurien à droite

Un Suisse au Glénan ?

Là où l’histoire nous fait un clin d’œil, c’est quand arrive dans notre article le Genevois Jean-Louis Goldschmid dit “Goldo”. Il deviendra pendant près de 40 ans le directeur technique des Glénans.

Si Viannay a défini le cadre et la mission du club, c’est Goldo qui définira tout le contenu et le style du club. C’est sa gouaille, sa bonhommie légendaire et son goût pour les inventions et l’innovation qui amèneront les plus grands navigateurs du XXe siècle à fréquenter l’archipel. Beaucoup y ont effectué des stages et certains sont même devenus moniteur. Ainsi, Vincent Riou, Franck Cammas, Jean-Luc Van Den Heede, Maud Fontenoy, Jean-Marie Finot, Armel Tripon, Jeanne Grégoire, Isabelle Joschke, Jéromine Pasteur embarquèrent un jour pour l’ile de Penfret.

Aujourd’hui les Glénans c’est près de 14 000 Stagiaires par an. C’est une école qui dispense des enseignements sur tous types d’embarcations sur 5 sites différents (L’archipel des Glénans, Bonifacio, L’île d’Arz, Marseillan et Paimpol). Ce qui fait cependant la spécificité et le sel des Glénans (et 70 % des inscriptions) ce sont l’apprentissage des techniques hauturières.

En termes de design et de fabrication il faut absolument que l’on revienne sur le Vaurien, mais, ça c’est déjà un autre article.

Pour continuer sur les Glénans, on ne saurait trop vous conseiller de vous plonger dans le livre de Jean-Louis Goldschmid 40 ans au Glénans.
N’hésitez pas à visiter le site web de l’école.